Un penseur de référence

Un penseur de référence

Léopold Kohr, un penseur de référence concernant les sociétés à échelle humaine écrit : "Un monde de petits États résoudrait non seulement les problèmes de la brutalité sociale et de la guerre ; il résoudrait les problèmes de l'oppression et de la tyrannie. Il résoudrait tous les problèmes qui viennent de pouvoirs ».

Lâ??image contient peut-être : 1 personne, sourit, gros planLéopold Kohr, philosophe allemand qui a même eu un Prix Nobel, était un économiste, juriste, théoricien politique et philosophe, à l'origine des concepts d'échelle humaine et de "small is beautiful" [ce qui est petit est beau], notamment de l'idée d'un retour à la vie en petites communautés.
Kohr se décrit lui-même comme un anarchiste philosophique. Fasciné par les tentatives de ses contemporains des « sciences dures » d'élaborer des théories u
nitaires, il avait pour ambition de montrer que certaines grandeurs physiques sont pertinentes en sciences sociales, et d'y développer une théorie du tout.

Après la deuxième guerre mondiale, quand tout le monde pensait que la croissance pouvait résoudre tous les problèmes, Kohr était un ferme opposant de cette idée. Il voulait un monde à la mesure de l'homme. Ses théories ont largement anticipé les idées écologistes de décroissance soutenable ou de développement endogène. Voyant les misères dont souffre l'humanité (tyrannie, guerre, pauvreté), Kohr a analysé les explications qui en ont successivement été données de l’Antiquité au xxe siècle. À partir de nombreux cas concrets il a pointé les qualités et les défauts de toutes ces explications. S'appuyant sur cette analyse et cette diversité de cas concrets de tous types il a recherché les causes premières de ces misères :

 

1. Chaque fois qu'un être humain ou un groupe humain a le pouvoir de "se faire plaisir" sans encourir de "punition" il le fait, quelles que soient la moralité de ces actes ou les conséquences pour d'autres êtres humains ou groupes humains,
2. Quand un problème se pose séparément à plusieurs groupes humains, tenter de le résoudre par une structure supérieure ne fait que le complexifier. Cette complexification n'est jamais linéaire, mais la plupart du temps exponentielle.
3. Kohr identifie, alors, la taille d'une population comme étant l'élément décisif des misères dont elle souffre. La taille intervient pour une société à la manière dont elle intervient pour un gratte-ciel : au fur et à mesure qu'on leur rajoute des étages il faut ajouter des ascenseurs, jusqu'à ce que les étages inférieurs soient entièrement occupés par les cages d'ascenseurs.
La vitesse est le second élément qui module le premier. Plus la vitesse d'une population est élevée plus l'eff
et de sa taille se fait sentir en raison de l'augmentation des interactions effectives entre individus.

Kohr vérifie ces hypothèses sur de nombreux cas réels, anciens ou très récents, et se risque à des pronostics, susceptibles de réfuter sa théorie, qui le feront entrer dans le cercle très restreint des théoriciens en sciences sociales dont des prévisions à long terme se sont réalisées. Dès 1950 il prévoit l'effondrement inéluctable de l'URSS en raison de sa taille et de sa centralisation excessives. Il prévoit également que la conséquence en sera la transformation des États-Unis d'Amérique en un empire mondial dictant ses exigences à l'ensemble des gouvernements de la planète, et ceci quel que soit son niveau de démocratie interne.

Une des anecdotes préférées de Kohr concerna les avantages, pour un individu, de vivre dans un État de petite taille. Il s'était rendu au Liechtenstein, principauté de 17.000 habitants entre la Suisse et l'Autriche. Il souhaitait rencontrer le Premier ministre. Il se rendit au château, sonna à la porte, et l'homme qui ouvrit la porte et le fit entrer, qu'il prit tout d'abord pour un employé, se révéla être le Premier ministre lui-même. Et quand, alors qu'ils étaient assis dans son bureau et bavardaient, le téléphone sonna, le ministre décrocha et dit : "Gouvernement". Le Liechtenstein lui fournit d'autres exemples pour exposer ses idées ; il écrit : "Le premier ministre lui-même était un instituteur et sa fierté était d'être le fils d'un garçon d'étable. Pourtant sans l'aide de docteurs en droit, en économie ou en sciences politiques il prépare un budget dont l'excellence est telle que je le trouve plus utile pour mes étudiants que les énormes documents des grandes puissances dont les problèmes diffèrent de ceux du Liechtenstein non par leur nature mais par leur caractère ingérable."

Mais c'est la Suisse qui est l'exemple préféré de Kohr. Ce petit pays est une des nations les plus riches, les plus démocratiques et les moins violentes du monde, avec le système social le plus décentralisé. La Confédération Suisse, fondée en 1291 est probablement un des États-nations les plus durables au monde. Bien qu'elle ait adhéré récemment à l'ONU, elle a toujours évité de participer à l'OTAN ou à l'Union européenne. Si on réalise que la Suisse est en réalité constituée de 26 États souverains, les cantons, qui sont eux-mêmes non pas subdivisés mais des associations de communes, on commence à comprendre comment fonctionne une démocratie.

Nous sommes heureux que, quoique pour des raisons purement politiques en apparence, Léopold Kohr aie été un théoricien des petites unités humaines. Nous le sommes aussi et pour des raisons spirituelles car dans les petites unités humaines, l'homme aime, pardonne, fait la paix plus facilement que dans la masse.
Pour aller plus loin : un lien vers un article de Wikipédia sur les sociétés à échelle humaine.


http://fr.discu.org/.../soci%C3%A9t%C3%A9_%C3%A0_l%27%C3...

Article condensé tiré un échange sur michelpotayblog.net /

Entrée 205 : "Gilets Jaunes"-Réponse (extrait) au commentaire 205c72.

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